Joyce Maynard
Editions 10/18, 2015
Dès les premières lignes, j’ai retrouvé la voix de Joyce Maynard dans ce roman. Le début du roman s’ouvre sur ce père merveilleux et doux qui se trouve être cet Inspecteur Toricelli, présenté par sa fille Rachel comme un enquêteur hors-pair. C’est un homme, un père qui fait de chaque moment passé avec ses filles un rêve. Malheureusement, il quitte sa femme quand Rachel avait huit ans et Patty, six ans. Leur mère s’enferma dans ses volutes de fumée laissant ses filles livrées à elle-même. J’ai été d’emblée happée par l’univers de ces deux sœurs. On est subjugué par leur créativité, l’inventivité de leurs jeux, leurs histoires, la façon dont elles pallient aux manques : leur mère qui ne s’occupe guère d’elles, de ce père absent mais qui a une aura auprès d’elles, le manque matériel… Elles sont d’une grande complicité, de tendresse, d’entraide… Elles font une. Rachel se rend bien compte qu’elles sont décalées par rapport aux autres enfants mais jamais elles ne s’ennuient ensemble. Tout ce bonheur est entaché par un tueur qui sévit dans leur montagne et s’attaque aux jeunes filles. C’est l’inspecteur Torricelli qui mène l’enquête et il faudra plusieurs années afin qu’elle soit résolue et les meurtres se perpétuent régulièrement.
Rachel sera écrivain et écrit sur cette histoire.
Après le départ de notre père, nous nous sommes senties mieux à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison. A l’intérieur, les choses se cassaient et il ne restait guère de choix. Mois après mois, nous avions l’impression de manquer de tout, sauf de factures et de l’odeur des cigarettes. A l’intérieur, nous percevions la tristesse et le désappointement de notre mère, et malgré notre amour pour elle, il nous fallait sortir sous peine de sombrer à notre tour. Au-delà, des quatre murs de cette maison qui s’écroulait, tout était possible.
Vu la façon dont nous grandissons – sans adultes sur le dos ni surveillance, sans même l’éducation douteuse fournie par la télévision – , nous étions plus mûres et indépendantes que les autres enfants, et pourtant d’une naïveté désespérante. Moi plus que ma sœur, bizarrement.
D’où vous viennent toutes ces histoires ? me demanderait-on. Dans ma jeunesse, expliquerais-je, je les inventais pour rendre ma vie intéressante. Ma sœur et moi espérions toujours connaître des événements excitants et, si le monde ne nous les procurait pas, nous en fabriquions. Des histoires si réelles que nous finissions par y croire.
Joyce Maynard a écrit ici un très joli roman qui par son écriture incroyable nous communique tout un regard sur la vie que nous partageons bien sûr avec elle. Pour moi, c’est de la pur magie cette écriture. Elle me fait du bien. Joyce Maynard est assurément du côté de la vie.
J’attends avec impatience son prochain roman qui sort le 7 septembre 2017 « Un jour, tu raconteras cette histoire » aux Editions Philippe Rey. Je l’ai déjà précommandé pour être sûr de l’avoir le jour J. C’est un récit très spécial mais qui sera certainement magnifique et douloureux sur la belle histoire qu’elle a vécue avec Jim, celui qui fût son mari mais qui malheureusement est parti bien trop tôt.
Je sais que Joyce Maynard sera en septembre en France pour la promotion de son livre et j’ai hâte de la rencontrer de nouveau car c’est une femme merveilleuse.
Ce livre se trouvait dans ma PAL depuis deux ans. Heureuse qu’il en fut sorti pour tout ce bonheur de lecture.