Joyce Maynard
Philippe Rey, 2017
Joyce Maynard nous livre son récit de sa rencontre avec Jim, celui qui devint son mari alors qu’elle avait cinquante-cinq ans. Elle se raconte avec cette sincérité que j’apprécie beaucoup. Elle se raconte telle qu’elle était lors de sa rencontre avec Jim, avec son parcours qui est le sien propre. Le fait qu’elle écrive des choses dont on pourrait avoir honte libère son auteure mais aussi ses lecteurs. Cela s’appelle le partage d’expériences qui nous font sentir moins seule face à certaines situations.
Joyce Maynard est donc aussi très sincère avec Jim quand elle le rencontre et se montre sans fards. La première partie du livre est consacrée à ses années où elle vécut seule, femme indépendante qui a tenté le choix d’adopter deux filles, de sœurs de l’étranger pour assouvir son rêve d’avoir une grande famille. Ce fut un fiasco.
Pendant des années, j’ai envié les gens entourés d’une grande famille aimante : ceux dont les parents vivaient encore, ceux dont les frères et sœurs habitaient tout près et venaient boire le café le dimanche, et plus que tout ceux qui élevaient leurs enfants avec l’autre parent. Bien que mère de trois enfants, j’étais en manque de famille. Durant toutes ces années, je m’en cherchais une.
Elle raconte ses aventures amoureuses. Ensuite, elle évoque sa rencontre avec Jim, qui deviendra le grand amour de sa vie, son mari, leur vie commune pas simple pour elle, si indépendante, l’importance de son travail d’écriture mais leur amour a réussi à surmonter ces petites difficultés.
Côté positif des difficultés de notre relation : nous apprenions à admettre nos échecs et nous étions prêts à réparer les dégâts plus volontiers que dans notre jeunesse. L’humilité devant mes erreurs, l’ouverture d’esprit à l’idée qu’il pouvait y avoir des choix valables autres que les miens, était une attitude nouvelle pour moi.
Malheureusement, elle nous fait part de son combat, de leur combat face au cancer du pancréas de Jim, combat perdu.
Tout ce que nous avions désiré à différentes étapes de nos vies -succès, argent, beauté, passions, aventure, voitures, maisons, guitares – était sans importance. Respirer suffirait. Marcher ensemble et rentrer manger tous les deux, finir la journée enlacés dans le même lit tous les soirs. Que demander de plus ?
C’est un livre très émouvant et touchant. J’ai du mal à trouver les mots car Joyce Maynard est une femme qui me touche beaucoup par sa personnalité et ses écrits.
Je l’ai déjà rencontrée à deux reprises : en 2011, à la librairie Shakespeare & cie (Jim était présent) pour son livre autobiographique « Et devant moi, le monde ». L’année dernière, à la librairie Millepages pour son livre « Les règles d’usage », très très bon livre que j’ai beaucoup aimé.
Et je l’ai rencontré une troisième fois ce jeudi à la Librairie de Paris où elle est venue nous présenter son dernier livre. C’est une femme qui garde le sourire, elle est la vie. Elle ne sait pas de quoi sera fait son futur, car il y a peu, elle pensait qu’elle serait encore avec Jim. Elle sait seulement qu’elle continuera à travailler. Cette femme, par son humanité, est un modèle pour moi. Elle est magnifique.