La mise à nu

Jean-Philippe Blondel

Folio, 2019

Renouer avec la lecture.

Difficile de lire en cette période difficile, incompréhensible, angoissante et non maitrisable.

J’ai réussi à lire ce roman de Jean-Philippe Blondel. Je me suis souvenue que cet auteur avait une écriture apaisante à mes sens.

Je suis entrée dans cette histoire.

La mise à nu d’un professeur par son élève.

Ou bien est-ce le contraire ?

Louis, professeur d’anglais, 58 ans semble porter un certain spleen dans sa vie d’homme seul, divorcé. Des regrets nostalgiques. Impression de tourner en rond. Comme si rien de nouveau lui arrivera. Plus de mystères ou de magie des rencontres qui changent le cours d’une vie. Dans le même temps, se protéger.

Son ex-femme résume bien sa pensée.

–  Il t’arrive des choses. Des événements. Des rencontres. Tu te poses des questions. Tu tâtonnes. Il y a bien longtemps que le hasard n’a pas frappé à ma porte. Je roule au ralenti sur ma départementale, je ne croise ni camion ni moto. Je suis prise dans le filet des tâches quotidiennes. Je m’inscris à des activités pour tenter de me distraire de l’idée que je serai bientôt à la retraite et qu’il va falloir que je rassure tout le monde que je suis une sexagénaire épanouie et tellement contente d’avoir enfin du temps devant moi. Alors que je le temps devant moi, il me terrifie. Je ne sais pas. J’espérais davantage de la vie. C’est idiot, non ?

Il se trouve invité à un vernissage d’un ancien élève devenu peintre avec une certaine renommée même internationale.

Cet ancien élève, Alexandre, poursuit un but avec son professeur. Le peindre. L’élève se dévoile face à son professeur.

Ce professeur s’interroge et nous interroge.

On en est tous là. Penser que plus rien ne nous arrivera. Reprendre là où on s’est arrêté. Reprendre à la croisée des chemins, des désirs jamais exaucés. Poursuivre ses rêves de jeunesse. La mise à nu est nécessaire.

Descendre au plus profond en soi pour remonter au plus près de sa vie. Ne pas avoir de se mettre à nu devant les autres. Montrer qui on est. La sincérité de cet acte est la base pour une vie authentique. Ne plus se cacher et vivre. Peut-être que ce temps de confinement remettra tout cela à plat.

Pour Louis, c’est Alexandre qui le mènera à ce cheminement.

Ce fut un roman lu au bon moment.

Merci.

 

Ce livre est enfin sorti de ma PAL et j’en suis heureuse.

L’ombre de nos nuits

lombre de nos nuitzs

Gaëlle Josse

Les éditions Noir sur Blanc. Notabilia, 2016

J’apprécie beaucoup les romans de Gaëlle Josse et celui-ci n’a pas dérogé à la règle. Déjà, en lui-même, « L’ombre de nos nuits » est un bel objet imprimé. La lecture en fut plus qu’agréable ensuite.

On entend trois voix dans ce roman : celle de Georges de la Tour, celle de son assistant et celle de la narratrice qui croise le tableau « Saint Sébastien soigné par Irène » de Georges de la Tour dans un musée de Rouen.

Tout le déroulement du livre se situe entre le moment où la narratrice se pose devant le « Saint Sébastien » de Georges de la Tour dans ce musée de Rouen et le moment où elle quitte le musée. On est plongé dans la vie de la narratrice qui nous parle d’une histoire d’amour terminée et on est en même temps plongé dans la genèse de ce tableau.

Avant tout cette histoire de femme qui s’accroche à un homme qui n’est pas amoureux d’elle. J’ai ressenti un peu de pitié pour elle. On voit tout son amour pour lui, elle veut y croire. Et quand elle le quitte. Ouf ! J’ai respiré d’un coup. Tellement c’était tendu et désespéré. Cette rupture a été un vrai électrochoc et cette femme a retrouvé un peu de lucidité et réagit pleinement sur cette rupture.

C’est un très beau livre qui prend de la profondeur au fur et à mesure de la lecture.

 

Comment un peintre aborde-t-il un sujet ? Comme un nouvel amour ? Collision frontale ou lente infusion ? La claque ou la pieuvre ? Le choc ou la capillarité ? Plein soleil ou clair-obscur ? Toi tu m’avais éblouie. Ensuite, je me suis aveuglée.

 

Alléger. S’alléger. Le plein naît du vide. Simplifier. Densifier. Nous n’emporterions rien avec nous dans notre ultime voyage. 

 

Ce qui se passe au profond de nos âmes est souvent noir comme la nuit, comme celle qui sert de fond à mes compositions, lorsque nulle lueur ne les atteint.